L’insulte speak white est une injonction raciste permettant d’agresser ceux qui appartiennent à un groupe minoritaire, et qui se permettent de parler une autre langue que l’anglais dans un lieu public. Dans le contexte colonial du Canada et des traites négrières de l’époque, l’injure signifie qu’un esclave ne peut parler sa langue et doit adopter celle de ses maîtres. Au Québec, l’usage de cette insulte a continué jusque dans les années 1960, elle a diminué avec la prise de conscience qui a accompagné la Révolution tranquille.
Le dictionnaire québécois-français a une entrée tirée d’un numéro de Maclean’s datant de 1963 : « For every twenty French Canadians you encounter in my house or yours, fifteen can affirm that they have been treated the discreditable “speak white”. » (Sur 20 Canadiens-français que vous rencontrez chez moi ou chez vous, 15 peuvent dire avoir été intimé ce méprisant speak white.) Dans la nuit du 9 décembre 1999, des vandales ont installé une banderole sur le pont séparant le Québec et l’Ontario où l’on pouvait lire : « From this point speak white! »
L’expression péjorative a inspiré la poètesse québécoise Michèle Lalonde qui a écrit le poème engagé Speak White en octobre 1968.